mercredi 20 décembre 2017

L'art de perdre

Ce magnifique récit est une saga familiale sur 3 générations, et débute dans les années 1930, en Algérie.
Après la découverte providentielle d'un pressoir charrié par les eaux d'une rivière, La vie d'Ali est chamboulée dans sa Kabilie natale. Il peut ainsi se lancer dans la culture des oliviers et produire de l'huile. Travailleur infatigable, ses affaires deviennent prospères, lui permettant d'oublier le préalable travail harassant sur sa terre rocailleuse. Toutefois, le destin étant en marche sa vie va basculer au moment de l'indépendance. La poitrine couverte de médailles, remises par la France, en raison des combats menés pour elle pendant les 2 dernières guerres, il doit abandonner ses terres tant aimées, la déchirure est violente, la perte de son pays et de sa position sociale sont dramatiques, mais il deviendra un Harki qui se déracine pour la sécurité de sa famille.
Nous le voyons tenter de survivre misérablement notamment dans le camp de Rivesaltes, où bientôt son fils Hamid tentera de comprendre, posera des questions, toutes restées sans réponses, l'incompréhension  s'installera entre eux, car la résignation viendra  après la révolte. A son tour, Hamid partagera le silence, honteux de ce passé, il s'en fera un rempart afin d'oublier ses frustrations.
Naïma, petite fille d'Ali et fille d'Hamid, vit heureuse à Paris où elle mène une vie indépendante en travaillant dans une galerie d'art. Pourtant les attentats de 2015 l'interpellent et elle se pose des questions sur ses origines, sur sa famille dont elle sait peu de choses. Pour des raisons professionnelles, elle se rend en Algérie, rencontre une partie de sa famille restée sur place. le choc est rude. Sa recherche de racines lui permettra de retrouver sa véritable identité avec déchirures mais bonheurs aussi.
Avec beaucoup d'émotions, l'auteure à la belle écriture,  dévoile ses sentiments sur le sujet ténébreux des français musulmans qui ont choisi la France.
Dorimène a trouvé ce livre magnifique, elle regrette qu'il n'ait pas obtenu le Goncourt. Elle suit cette auteure depuis ses débuts et vous incite à lire :

- Sombres dimanches
- Juste avant l'oubli 

mercredi 6 décembre 2017

La méduse

Cet auteur particulièrement aimé par Dorimène, nous livre dans ce récit, l'incroyable naufrage de tous les temps. 
Il nous conte avec sa précision habituelle le cours des événements invraisemblables qui conduisirent le navire à cette catastrophe.
 En 1816 quatre navires partirent de l'île d'Aix via l'Afrique, afin de récupérer les établissements français du Sénégal qui furent pris par les anglais lors des guerres napoléoniennes puis restitués à la France par le traité de Paris 1814 et 1815. Un des ancêtres de l'auteur, Charles Brédif, ingénieur des mines se trouvait sur la frégate, et toujours désireux de comprendre, notait chaque jour une foule de détails, température de l'eau, couleur des fonds,  mode de navigation, manoeuvres,  etc...Ses notes précieuses permirent à son descendant d'établir une trame des différents événements.
Le capitaine, Hugues Duroy de Chaumareys, personnage suffisant, commandait l'expédition, à bord du meilleur navire : la Méduse, pourtant celui-ci était inapte à ce poste. D'autre part, de nombreux désaccords s'installèrent au départ entre les différents officiers, et le ressentiments entre bonapartistes et royalistes était au paroxysme, ainsi que diverses manipulations provoquées par les civils à bord, afin de préserver leurs intérêts.
L'ambiance devint très vite détestable, ordre et contre ordre se mêlèrent aboutissant au naufrage. Il fut décidé de la construction d'un radeau, celui-ci fut construit par les hommes d'équipage et était colossal :
20m de long et 7m de large, sur lequel 150 personnes vinrent s'entasser. Le calvaire qu'ils vécurent  est inénarrable ! Les tempêtes, la soif, la faim entraînant le cannibalisme, les maladies, la folie,  la promiscuité et malgré cela des vols ! Peu d'hommes s'en sortiront vivants  et leurs témoignages permettront  la reconstitution de ce récit.
L'oeuvre de Géricault nous donne une image puissante de cette tragédie, avec les nombreux corps  des morts -vivants entassés, décharnés, meurtris. Malgré que la taille du radeau peint soit bien inférieure à la réalité,  il  nous permet cependant,  d' imaginer le drame qui en a découlé.